Alors qu'il se passe dans l’Amérique rurale des années 40, on retrouve dans « LA MAISON ROUGE » l’ambiance gothique des romans d’Emily Brontë : secrets de famille, bois hantés, amours fous, nuits d’orage, passions juvéniles, rien ne manque à l’appel et on peut se laisser prendre à l’ambiance étrange créée par Delmer Daves alors bien loin de ses célèbres westerns de la décennie suivante.
Le problème du film est qu’on comprend trop rapidement et surtout trop facilement le pourquoi du comment et que le « lourd secret » porté par le fermier Edward G. Robinson et sa sœur, la géniale Judith Anderson, est non seulement vite éventé mais en plus quelque peu décevant. Le jeu lourd et appuyé du premier, ses regards perdus, ses crises de violence semblent sorties d’un vieux mélodrame du Muet et n’aident pas à croire à l’histoire. Parmi les jeunes comédiens, on reconnaît Rory Calhoun, qui jouera dans le premier film de Sergio Leone quinze ans plus tard, en braconnier sexy et surtout Julie London, à peine sortie de l’adolescence, en allumeuse du village. Très jolie !
Par sa construction pataude et répétitive, « LA MAISON ROUGE » paraît beaucoup plus long qu'il n’est réellement et ses poussées de fièvre prêtent aujourd'hui à sourire. Mais quelques moments fonctionnent encore, si on supporte la BO de Miklós Rózsa aussi tonitruante qu’envahissante, qui finit par devenir la seule et vraie vedette du film. Pour le pire et le meilleur.
À noter que la copie qui vient de sortir en zone 2, est probablement une des pires qu’on puisse trouver sur le marché. C'est un festival de scratches, de sautes d’images, de flou, de répliques inaudibles. À certains moments – et c'est franchement comique – on ne voit plus qu’un écran noir avec des sous-titres par-dessus tant le transfert est sombre. À rééditer, évidemment.