Que les nouvelles technologies aient modifié en profondeur la nature des relations humaines, on n’en doute plus une seconde. Que cette facilité de contact présente des dangers nouveaux auxquels nul n’est préparé, c'est vrai. Que cette dématérialisation du dialogue offre un terrain rêvé aux prédateurs de tous poils, nul n’en disconviendra. Alors quand « TRUST » traite de ce thème brûlant, on est à la fois intéressé par son contenu et perplexe quant à sa forme. Pourquoi faire un long-métrage de cinéma en format Scope, pour ce qui n’est au fond qu’un ‘movie of the week’ télé, propice au débat ?
David Schwimmer – l’ex-Ross de la sitcom « FRIENDS » – se contente d’illustrer avec une totale platitude un scénario édifiant sur la relation via Internet entre une adolescente et un pédophile qui l’attire dans ses filets. Après le viol, nous assistons à la désagrégation de la famille de la gamine, à la paranoïa qui ronge le père, à l’incompréhension de l’entourage, etc. Tout cela est intelligemment développé, optant pour le drame psychologique plutôt que le polar. À un moment donné, Clive Owen semble choisir de devenir un ‘vigilante’, mais la piste est rapidement abandonnée et le film confirme ce qu’on subodorait : dans la « vraie vie », les cowboys vengeurs n’existent pas et les croque-mitaines demeurent souvent impunis.
Si Owen est très bien dans ce rôle intense et déchiré par des sentiments contradictoires, Catherine Keener est sous-utilisée en mère effacée. Viola Davis est remarquable comme toujours en psy pour enfants débordante d’humanité et les seconds rôles sont généralement impeccables.
« TRUST » se laisse donc regarder le temps qu'il dure, davantage pour les questions soulevées par son sujet, que pour ce qu'il est réellement. Ce refus qu’on imagine délibéré de toute stylisation ou de toute vision artistique, finit par annuler ou du moins amoindrir l’impact du contenu. Dommage…