« VAINQUEUR DU DESTIN » est un des rôles les plus populaires de Gary Cooper aux U.S.A., celui du joueur de baseball Lou Gehrig qui connut une carrière fulgurante avant de mourir prématurément à l’âge de 37 ans.
Qu'est-ce qu’une telle hagiographie béate peut bien évoquer auprès d’un public non-américain ? Pas grand-chose, il faut bien le reconnaître. D’autant que le scénario est une suite d’images d’Épinal, de saynètes édifiantes sur la vie familiale et maritale du champion, entrecoupées de matches (heureusement et étonnamment pas trop longs). Bêtifiant, très certainement édulcoré, le film est par contre très beau à regarder, le noir & blanc de Rudolph Maté est magnifique et les décors sont bien choisis. Et puis il y a ‘Coop’. Car, qu’on connaisse le vrai Gehrig ou pas, il est de toute façon très clair que l’acteur ne l’incarne pas vraiment. Cooper joue Cooper en train de jouer Gehrig. Nuance essentielle ! C'est un festival de mimiques familières, de battements de cils timides, de sourires enfantins qu’on retrouve avec un plaisir toujours égal. L'homme a un tel métier, un charisme si naturel, qu'il parvient à être presque plausible au début du film en étudiant de 18 ans, alors qu'il en a déjà 42. Dans le dernier quart du film, Cooper délaisse ses tics et ses trucs et se montre émouvant et sincère. Son célèbre discours final au Yankee Stadium est saisissant.
Teresa Wright est un brin irritante dans le rôle de sa parfaite épouse, minaudant sans retenue. On reconnaît des partenaires familiers de Cooper comme Walter Brennan en attaché de presse et Dan Duryea en journaleux teigneux. La grosse Elsa Janssen et le petit Ludwig Stössel jouant les parents Gehrig semblent échappés d’un dessin de Dubout.
Ce ‘biopic’ ripoliné et tout de même un peu trop aseptisé (l'homme n’a strictement AUCUN défaut ! C'est un saint, un samaritain), se laisse suivre sans déplaisir. Oui décidément, pour nous faire avaler un pudding pareil, ‘Coop’ avait vraiment du génie !