« TOM HORN, SA VÉRITABLE HISTOIRE » a connu une genèse tourmentée. Il fut d’abord en concurrence avec un autre film la même année, dont Robert Redford devait tenir le rôle principal. Il passa entre les mains de plusieurs réalisateurs, avant de finir dans celles de l’anonyme téléaste William Wiard qui ne servit probablement que de prête-nom à Steve McQueen. Et pour finir, il fut sévèrement massacré au montage. Plusieurs raisons qui font que le film est généralement traité avec condescendance et jugé comme un semi-échec, au même titre que le dernier film de McQueen, « LE CHASSEUR ».
Pourtant, rien n’est plus injuste. « TOM HORN » est un grand western réaliste dans la droite lignée de « MONTE WALSH » et l’œuvre de Clint Eastwood lui doit beaucoup. Bien sûr, on sent les coupes-montage dans un abus de fondus-enchaînés et de voix ‘off’ camouflant tant bien que mal les coups de ciseaux. Bien sûr, les flash-backs avec Linda Evans sont très mal intégrés à l’action, et oui, toute la partie de l’emprisonnement est un peu longuette. Mais il se dégage de ce film une émotion profonde. Horn – qui a réellement existé – est un anachronisme sur pattes : un tueur sans état d’âme, un chasseur d’hommes sans pitié. Mais il a toujours vécu ainsi et dans l’Amérique en mutation du début du 20ème siècle, ce qui fit de lui un héros, est en train de le transformer en monstre. Un monstre encombrant que ses employeurs vont piéger et exécuter.
Après un début esthétiquement magnifique, où l'Ouest est montré sous un ciel d’ardoise, plombé par des nuages menaçants, « TOM HORN » fait taire les armes et laisse place à la déprimante « chronique d’une mort annoncée ». La pluie tombe, la photo se fait de plus en plus sombre, les sols sont bourbeux et les collines – symbolisant la liberté pour Horn – deviennent inaccessibles.
Bien plus que son dernier film, c'est véritablement le testament de McQueen, qui synthétise et parachève en un seul rôle toute son image cinématographique. Horn pourrait être un Josh Randall âgé, marqué par la vie. C'est un tireur d’élite comme ‘Vin’ ou ‘Frank Bullitt’ et il finit sa vie dans une geôle comme avant lui ‘Hilts’ ou ‘Papillon’ qui eux, finissaient par s’en évader. Mais les temps ont changé, les héros sont vieillis, fatigués, passés de mode et le Steve McQueen de 50 ans fait bien plus vieux que son âge et a bien compris qu'il n’avait plus sa place nulle part.
Autour de la star emblématique, on reconnaît des visages familiers du genre comme Slim Pickens, Elisha Cook, Jr., Richard Farnsworth, Roy Jenson, Billy ‘Green’ Bush et même Geoffrey Lewis qui surligne ainsi la filiation avec les western eastwoodiens à venir.
Peut-être que si McQueen avait vécu plus longtemps, on aurait vu un jour un ‘director’s cut’ de « TOM HORN ». Il ne faut plus y compter aujourd'hui, mais le film, malgré ses défauts et ses déséquilibres tient encore bien la route et clôt joliment la courte filmographie du ‘King of cool’.
À NOTER : la même année, Jack Starrett a tourné « MISTER HORN » pour la télévision, sur un scénario de William Goldman. C'est David Carradine qui tint le rôle-titre aux côtés de Richard Widmark et Karen Black. À quand un DVD pour comparer ?