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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 06:00

FILLE DESERTHuit ans après avoir tourné le classique « HIGH SIERRA », Raoul Walsh en signe un remake adapté à l’univers du western. Le scénario est extrêmement proche, mais débarrassé de détails secondaires comme le pied-bot de la jeune femme idéalisée et le chien porte-poisse, heureusement absents.

« LA FILLE DU DÉSERT » (un bien beau titre sans aucun rapport avec l’histoire !) est fort bien réalisé, énergiquement monté et s’enracine dans une ambiance mortuaire : la planqueFILLE DESERT (1) des hors-la-loi est une ville-fantôme, le héros se réfugie à la fin dans les ruines d’un village indien troglodyte en compagnie d’un squelette et sous l’œil d’un vautour et quand il rêve, c'est d’une femme morte depuis longtemps. Dommage alors que ce personnage qui a littéralement un pied dans la tombe, soit campé par Joel McCrea, comédien estimable mais manquant totalement de charisme ou d’expressivité. Il ne possède nullement la fragilité amère d’un Bogart ou la puissance autodestructrice d’un Jack Palance (qui tiendra le même rôle dans un autre remake en ’55). Il se laisse donc voler la vedette par Virginia Mayo, excellente en métisse farouche et sensuelle et même par Dorothy Malone dans un rôle plus secondaire de traîtresse tête-à-claques. C'est un peu dommageable, car privés de la fascination que devrait exercer ce loser magnifique, on ne ressent guère d’empathie pour lui et on demeure extérieur au récit. Il faut tout le métier de Walsh – et Dieu sait qu'il en a ! – pour rester accroché à ce scénario dont on connaît par cœur tous les tenants et aboutissants pour peu qu’on ait déjà vu les autres versions.

À voir donc pour son splendide noir & blanc, pour la maestria avec laquelle est filmée l’attaque du train et pour une fin aussi brutale que rapide, qui n’est pas sans annoncer celle de « BONNIE & CLYDE ».

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 05:59

FORTDOBBS (2)Du bien beau linge au générique de « SUR LA PISTE DES COMANCHES » ! C'est le premier des trois westerns que Gordon Douglas tourna avec Clint Walker, la photo noir & blanc est fignolée par le chef-op de John Ford et le scénario est signé par Burt Kennedy.FORTDOBBS (1) D'ailleurs même s’il avait pris un pseudonyme, on l’aurait reconnu tout de suite ! Tous ses thèmes et personnages récurrents sont là : le héros solitaire obsédé par sa vengeance, même si c'est pour l’honneur d’une femme qui n’en vaut pas la peine, le long trajet dans le désert flanqué d’une belle veuve et FORTDOBBS (3)d’un vrai-faux ami planche-pourrie. Pour peu qu'il y ait eu Randolph Scott à la place de Walker, c'était un Budd Boetticher.

Mais Walker fait rapidement oublier le héros vieillissant et désincarné des classiques de ce dernier : il est tellement grand, large et baraqué que son cheval paraît minuscule. Taiseux, presque timide, une expression lointaine et douloureuse sur le visage, il crée un héros immédiatement attachant et crédible. À regretter qu'il se soit tant laisser accaparer par la TV. Face à lui, Brian Keith excelle dans le rôle de son Némésis, un trafiquant d’armes ambigu, voyou débonnaire et imprévisible qui reprend FORTDOBBSl’emploi tenu par Lee Marvin, Richard Boone ou Claude Akins dans les scénarios plus connus de l’auteur. Et puis il y a Virginia Mayo, toujours flamboyante dans un personnage plus ingrat de femme têtue et légèrement bornée. Oublions l’horripilant garçonnet dont chaque expression faciale tape sur les nerfs.

L’histoire est bien construite, les enjeux vite établis et les conflits sont toujours nourris, jamais artificiels. C'est du très bon western efficace et dépouillé, aux cadrages dynamiques, qui ne se permet aucune longueur ou aucun épanchement sentimental. L'Ouest comme on l’aime, autrement dit.

Tout petit bémol : on ne comprendra jamais pourquoi la seule stratégie des « injuns » imaginés par Hollywood consiste à attaquer en hurlant et au galop, en se faisant tirer comme des lapins ! Leur tactique consisterait-elle à épuiser les munitions des ennemis ?

FORTDOBBS (4)

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 06:09

7 SAINTSInterprété par des acteurs de séries TV western à la mode comme Clint Walker (« CHEYENNE ») et Roger Moore (« MAVERICK »), « LE TRÉSOR DES 7 COLLINES » ne manque pas d’attrait, grâce à un scénario sec et rapide, tournant autour d’un chargement d’or qui attire toutes les convoitises et des paysages que n’aurait pas reniés John Ford. Le7 SAINTS (1) seul vrai regret vient de l’absence de couleur : la beauté des extérieurs et le CinémaScope l’exigeaient pourtant.

Le film accroche dès le début et ne relâche la pression que lors d’une longue et pénible parenthèse dans le ranch d’un ami mexicain, surjoué de façon éhontée par Robert Middleton dont le rire gras systématique finit par taper sur le système.

Hormis ce terrible « ventre mou » en son milieu, ce western d’aventures tient 7 SAINTS (3)par son âpreté, son réalisme dans la description du désert et de la folie générée par l’or. Le tandem formé par Walker étonnamment à l’aise dans son rôle habituel de trappeur taiseux et le jeune Moore, plutôt inhabituel en ‘sidekick’ chaud-lapin et tête brûlée fonctionne à merveille. Le duo est attachant, crédible et maintient l’intérêt grâce à des échanges incessants et drolatiques. De bons seconds rôles comme Gene Evans ou le peckinpien Chill Wills remplissent parfaitement leur office.

Plus simple et épuré que les autres westerns que Walker tourna avec Gordon Douglas, « LE TRÉSOR DES 7 COLLINES » a très bien vieilli, maintient un bon suspense, utilise intelligemment le désert et s’offre même un fin « hustonienne » comme on les aime, qui semble être un clin d’œil direct au « TRÉSOR DE LA SIERRA MADRE ». On a vu pire, comme référence.

7 SAINTS (2)

À noter une excellente réplique : alors que le méchant supplie Walker d’ôter le rocher qui lui écrase la jambe, notre héros prend une poignée de poudre d’or et la lui jette à la figure : « Crève riche ! », dit-il.

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 05:54

WARPAINT (2)Excellente découverte que ce « WAR PAINT » ! Un petit western dépouillé et ultra-nerveux, aux personnages évolutifs, à l’intrigue tellement concentrée qu'elle en devient quasi-théâtrale et tourné exclusivement dans des extérieurs de désert.

Le scénario suit une troupe de cavalerie chargée de délivrer un traité de paix à un chef indien. Mais le fils de celui-ci, accompagné de sa sœur, font tout pour empêcher les soldatsWARPAINT d’arriver à bon port. D’abord présentés comme les « méchants », des traîtres fourbes et scalpeurs, les « redskins » finissent par s’exprimer et donner leurs raisons. Et force est d’admettre qu'ils n’ont pas complètement tort de vouloir éviter cette paix qui mènera leur peuple à sa perte. Cela n’empêchera pas la ‘squaw’ d’admirer le capitaine, prêt à risquer sa vie pour remplir sa mission, même si lui-même finit par avoir des doutes.

Mais en fait, le vrai thème du film, c'est la soif. Pendant plus d’une heure, on voit des hommes dépérir, marcher jusqu'à l’épuisement, jusqu'au suicide même dans la rocaille, devenir fous et se mutiner parce qu'ils n’ont plus une goutte d’eau. Cela finit par devenir stressant, obsédant et à donner sa colonne vertébrale au film tout entier. L’autre intérêt de « WAR PAINT » c'est son magnifique casting de ‘character actors’, un vrai catalogue : en tête Robert Stack, toujours aussi chaleureux en officier impassible et entêté. Il est suivi de Charles McGraw en sergent dévoué, Peter Graves en félon, Robert J. Wilke en obsédé sexuel et Paul Richards en ‘trooper’ dont la femme vient d’accoucher (et qui donc, par définition, ne s’en sortira pas vivant !).

Des décors grandioses, de bons acteurs, une belle bagarre à flanc de montagne entre Stack et Graves (encore bien loin de « Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ? ») et un suspense à couper au couteau. Franchement, que demander de plus ?

WARPAINT (1)

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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 06:43

YELLOWSTONE K (2)Une bonne surprise que « LE GÉANT DU GRAND NORD », un western de plein-air qui au départ cherche visiblement à capitaliser sur la popularité TV de Clint Walker qui y tient à peu près le même rôle que dans sa série « CHEYENNE », mais bénéficie ici de beauxYELLOWSTONE K (1) extérieurs et de la couleur.

L’atout du film est d’abord son scénario, signé Burt Kennedy, qui concocte une captivante histoire autour d’une ‘squaw’ aux yeux bleus qui rend tous les hommes YELLOWSTONE K (3)cinglés et provoque involontairement le malheur où qu'elle aille. Sioux et « visages pâles » gravitent autour d'elle, tentent de la tuer, de la violer, de la faire évader et tous – hormis un ou deux veinards – y laissent leur peau.

Plus à l’aise que d’habitude, Walker fait un « homme des bois » plausible : taiseux, peu souriant, pragmatique, il assure avec une belle autorité et parvient à s’attirer la sympathie sans donner aucune profondeur à son personnage. Face à lui, le pâle Edd Byrnes YELLOWSTONE Kavec sa tête brillantinée de surfer californien est le gros point faible du casting. Andra Martin est plutôt sexy malgré un maquillage un peu excessif. Et l’amateur de western reconnaîtra avec toujours le même plaisir le vétéran Claude Akins en sergent bourru et bagarreur (il assure d'ailleurs une belle baston sans doublure avec Walker) et le débutant Warren Oates dans un tout petit rôle quasi-muet de caporal. Une mention à John Russell étonnamment crédible en chef indien noble et juste.

La mise en scène un peu trop anonyme de Gordon Douglas empêche le film de s’élever au-dessus de son statut de produit manufacturé standard, mais on ne s’ennuie pas une seconde, les Indiens sont traités sans manichéisme idiot dans un sens comme dans l’autre et les séquences d’action sont tout à fait satisfaisantes. Autrement dit, pourquoi s’en priver ?

YELLOWSTONE K (4)

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 05:56

RIDERS (1)Produit par les vedettes du film d'après un roman de Zane Grey déjà adapté trois fois pour le cinéma à partir de… 1918, « RIDERS OF THE PURPLE SAGE » est un beau téléfilm, magnifiquement photographié dans de grandioses décors naturels et porté par un scénarioRIDERS mêlant allègrement les plus grosses ficelles du mélodrame populaire aux plus beaux archétypes du western classique.

Le mystérieux vengeur qui débarque dans le ranch tenu par une jeune femme seule contre tous, n’est pas sans évoquer le ‘pale rider’ biblique, magnifié dix ans plus tôt par Eastwood. Avec son look d’épouvantail efflanqué, son regard hanté, Ed Harris compose une belle silhouette qui semble sortie d’un album de « BLUEBERRY ». Mais contrairement aux ectoplasmes incarnés par Clint, il est bel et bien humain, animé par la vengeance contre ceux qui ont détruit sa sœur et par l’amour qu'il éprouve pour Amy Madigan – très crédible en femme de l'Ouest –, qui vit seule dans son ranch, obsédée par un terrible passé qui recoupe celui de l’Étranger.

Il faut accepter les conventions « feuilletonesques » de ce genre de récit pour jouir pleinement du spectacle. Ici, les méchants sont TRÈS méchants, l’amour fleurit envers et contre tout et quand le héros dégaine enfin ses colts, il déclenche l’apocalypse. Avant d’achever un ‘bad guy’, Harris lui dit : « Prie ton Dieu pendant que tu es encore sur terre, parce que là où tu vas, il ne viendra pas te rendre visite ». Joli !

RIDERS (2)

C'est un vrai western, âpre et rocailleux, le dialogue est parcimonieux et sonne « authentique », les costumes sont d’une justesse confondante, les chevaux sont superbes et tous les comédiens, qu'il s’agisse des juvéniles Henry Thomas ou Robin Tunney ou du vétéran G.D. Spradlin en affreux pasteur pervers, sont idéalement castés. Un petit ‘must’ pour l’amateur.

 

À NOTER : le film fut exploité en vidéo en France sous le titre « LES CAVALIERS DE LA MORT ».

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 16:29

Éclipsé par le « ALAMO » gigantesque de John Wayne, « QUAND LE CLAIRON SONNERA » tourné cinq ans avant, avec un budget beaucoup moins conséquent, relate lesCLAIRON mêmes évènements de façon plus didactique et moins spectaculaire. Si Wayne avait choisi le colonel Travis comme protagoniste principal, ici c'est ‘Jim Bowie’ qui est mis en vedette. Davy Crockett lui, incarné par le folklorique Arthur Hunnicutt est montré comme un homme des bois cradingue et très plouc. Le ‘Duke’ remettra de l’ordre dans tout ça et rétablira une autre hiérarchie…

Le scénario met ici l’accent sur l’aspect politique des affrontements entre Texans et Mexicains. Il montre la vieille amitié liant Bowie et le général Santa Anna et l’attitude ambiguë de l’Américain déchiré entre deux pays qu'il aime. Sterling Hayden est très bien distribué dans ce rôle complexe et nuancé, dessinant un homme tolérant et pacifiste mais ne refusant jamais le combat. Bien plus riche que le portrait qu’en fera plus tard Richard Widmark. On suit donc le film à travers lui, fermant les yeux sur de trop nombreux bavardages, sur des batailles un peu étriquées et surtout sur une love story convenue et franchement superflue. Le siège d’Alamo est décevant, peu dramatisé (l’utilisation du célèbre ‘DeCuello’ est déconcertante !) et seul l’assaut final fait preuve d’un vrai dynamisme. Mais grâce à ce film sobre et dépourvu de patriotisme claironnant, on comprend mieux les enjeux, les buts des uns et des autres, les contradictions de l’époque.

CLAIRON (1)

Dans un cast assez terne, on a le bonheur de voir Ernest Borgnine dans un rôle de rancher brutal surnommé ‘Bull’, qui devient pote avec Bowie après un combat au couteau pendant lequel celui-ci lui massacre le bras et le laisse handicapé. « You’re a good man ! » en conclue un Ernie ensanglanté.

À voir donc, si possible dans une soirée thématique avant le classique de 1960 et le récent remake.

 

À NOTER : Hayden, Borgnine et le jeune Ben Cooper étaient déjà apparus ensemble l’année précédente dans « JOHNNY GUITARE ».

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 16:46

SHOTGUN (1)D’abord et avant tout (et comme souvent !) un grand bravo au titre français : « AMOUR, FLEUVE SAUVAGE » ! Celui-là va être difficile à surpasser dans la ringardise et le hors-sujet. Il fallait y penser, quand même…

« SHOTGUN » donc, est un petit western de série B dont le scénario (coécrit par l’acteur Rory Calhoun) rappelle ceux de certains Boetticher : une chasse à l'homme motivée par laSHOTGUN vengeance où le héros se retrouve flanqué d’une femme et d’un chasseur de primes ami-rival. Mais Lesley Selander n’est pas le grand ‘Budd’ et ce film est d’une platitude SHOTGUN (2)infernale. Les péripéties sont d’une mollesse désolante, le dialogue est d’une faiblesse insigne et les acteurs sont d’un ennui colossal. Même Sterling Hayden, qui venait pourtant d’être magistral dans « JOHNNY GUITAR » l’année précédente, semble absent, dégageant le même cynisme maussade qu’un Mitchum, l’humour en moins. Il traîne sa grande carcasse efflanquée, visiblement pressé d’en finir. À sa décharge, il faut reconnaître que sa partenaire Yvonne De Carlo, boudinée dans un disgracieux pantalon, est décourageante et que son jeu SHOTGUN (3)appliqué tape rapidement sur les nerfs. Quant à Zachary Scott, il confirme qu'il fut bien un des ‘bad guys’ les moins charismatiques et mémorables du western des fifties.

Tout cela évidemment, n’incite pas à l’indulgence. Mais on peut tout de même retenir de beaux paysages et quelques ‘gimmicks’ efficaces, comme une ou deux tortures apaches plutôt rigolotes (dont une très tirée par les cheveux, impliquant du cuir qui rétrécit au soleil et un serpent à sonnette !) ainsi qu’une sorte de tournoi au fusil de chasse à la fin, qui justifie le titre, même s’il est complètement aberrant.

Le genre de « redécouverte » inutile donc, à moins d’être un addict complétiste du grand Sterling, ce qui après tout est tout à fait honorable et justifierait la vision de cette petite chose.

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 17:19

DOC (4)Le célèbre ‘gunfight’ à OK-Corral a inspiré et inspirera encore sans doute bien des films et des interprétations. « DOC » fait partie de la vague ultra-réaliste du début des seventies qui DOCdéferla sur le western, recyclant les apports du ‘spaghetti western’ et de Sam Peckinpah et tournant résolument le dos à toute mythification.

C'est à travers le personnage de John ‘Doc’ Holliday que Frank Perry auteur de l’intéressant « THE SWIMMER », revisite la légende. Et il jette une lumière DOC (1)passablement glauque sur les évènements : Wyatt Earp n’était qu’une pâle crapule qui instrumentalisa la fusillade – et même la mort d’un de ses frères – pour être élu shérif et mettre main-basse sur Tombstone. Les Clanton eux, n’avaient rien de dangereux hors-la-loi, ce n’étaient que des ivrognes querelleurs au mauvais moment, au mauvais endroit.

L’intérêt principal de ce drôle de film tourné à Almeria, c'est d’abord la relation entre Doc DOC (2)incarné par un Stacy Keach dénué de tout aura légendaire et la prostituée Kate Elder, jouée par une Faye Dunaway en verve. Mais aussi l’étrange rapport père-fils qu'il entretient avec le jeune Billy Clanton à qui il apprend à tirer, mais qu'il abattra de sang-froid, probablement pour ne pas qu'il devienne un jour un autre lui-même. Ces deux axes narratifs sont passionnants et soutiennent le film tout entier, bien que l’on connaisse par cœur la moindre péripétie. Notons également une vraie qualité de dialogue avec des répliques savoureuses comme : « Dégaine et tu te retrouveras avec deux trous du cul, dont un entre tes yeux ! ».

DOC (3)

Honnêtement filmé, sans style particulier dans des décors espagnols un peu pauvrets, « DOC » vaut pour cette volonté de montrer les choses telles qu'elles ont dû être, une démarche impitoyable pour nos rêves d’enfant qu’on retrouvera bien plus tard dans la série TV « DEADWOOD ». Mais c'est aussi un regard triste et désabusé sur les héros du Far-West, réduits ici à l’état de pauvres types à la dérive comme Doc ou de grenouilleurs répugnants comme Wyatt. Ils sont bien loin Henry Fonda, Burt Lancaster, Kirk Douglas ou même Kurt Russell !

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 19:12

CHAROGNARDS (1)« LES CHAROGNARDS » s’ouvre sur le gros-plan d’un veau en train de se faire égorger. Et en montage parallèle, Candice Bergen grimaçant de douleur pendant que son mari Gene Hackman la brutalise au lit. Autant dire que Don Medford annonce clairement la couleur et CHAROGNARDSqu'il ne ment pas sur la marchandise.Tourné deux ans après « LA HORDE SAUVAGE » et la même année que « LES COLLINES DE LA TERREUR » (on retrouve d'ailleurs des comédiens de ces deux films au CHAROGNARDS (3)générique de celui-ci), avec lesquels il présente de multiples similtudes thématiques, ce western sans être parfait, loin de là, est fascinant, voire hypnotique. C'est une chasse à l'homme traditionnelle bien sûr, une ‘posse’ traquant une bande de hors-la-loi qui a kidnappé la femme d’un richissime rancher, mais les dés sont pipés : le chef des bandits veut seulement apprendre à lire et a pris la jeune femme pour une institutrice et le rancher est un psychopathe sadique et bestial qui chasse le gang non pas pour se venger, mais pour le plaisir d’abattre des êtres humains  comme du vulgaire gibier.

Le scénario se réduit à une longue poursuite, interrompue par des massacres au fusil à lunette. La séquence du point d’eau tournée au ralenti avec des giclures de sang « à la Peckinpah » est assez brillante et d’une brutalité insensée. Plus ça va, plus le postulat s’épure, se simplifie et le film s’achèvera au milieu de nulle part – un symbolique désert – dans un bain de sang jusqu'auboutiste qui confine au nihilisme absolu.

CHAROGNARDS (4)

Nul romantisme westernien dans « LES CHAROGNARDS » : les bandits sont des brutes analphabètes sans dieu ni maître, l’histoire d’amour entre leur chef et l’otage tient plus du syndrome de Stockholm que d’une relation plausible et contrairement à la plupart des westerns, ici pas de blessures-sans-gravité-qui-guérissent-très-vite : les blessures à l’épaule ou aux jambes sont atrocement douloureuses et souvent mortelles et les blessés agonisent dans des spasmes insoutenables.

Bien qu'il soit un drôle de choix pour jouer un ‘bandido’ américain, Oliver Reed a une CHAROGNARDS (2)sacrée gueule et même s’il lui arrive de surjouer un peu, il est toujours intéressant à regarder. Candice Bergen n’a rien d’une « faible femme » ce qui change agréablement et Hackman joue à fond l’ignominie de son personnage : tellement abject qu'il en devient presque surnaturel. Sans oublier le plaisir de retrouver des « trognes » comme L.Q. Jones ou Simon Oakland.

Sans être un grand western, « LES CHAROGNARDS » a le mérite d’aller au bout de sa logique et de laisser sur un arrière-goût désagréable. À la différence de Peckinpah qui, quoi qu’on en dise, donnait la violence en spectacle et lui insufflait des bouffées d’héroïsme même perverti, Medford la montre pour ce qu'elle est réellement : une affreuse boucherie. Voir le premier plan du film !

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