Bon, mettons tout de suite les choses au point : on n’est pas là pour se moquer !
Depuis la satire parue dans l’hebdomadaire « PILOTE », « LE SPÉCIALISTE » prête le flanc à toutes sortes de saillies ironiques et traîne une réputation de nanar indécrottable. L’admirateur de « DJANGO » et du « GRAND SILENCE » (qui ne l’est pas ?) se rebiffe, et s’imagine que Sergio Corbucci n’a tout de même pas pu se vautrer à ce point-là ! Il y a forcément de bonnes choses dans « LE SPÉCIALISTE » et qui sait, c'est peut-être même un classique méconnu…
Déjà, dès le générique-début, il y a une faute d’orthographe au nom de l’acteur principal. C'est idiot, mais... ça n’inspire guère confiance. Ensuite apparaît celui-ci, Johnny « Halliday » donc, teint en blond, barbichu et portant une cote de maille. Il balance quelques répliques bien senties : « Tu n’es pas mon ami. Hud n’a pas d’amis », et quand Françoise Fabian (coiffée comme la fiancée de Frankenstein) lui dit affablement qu'il n’a pas changé, Hud-Johnny lui rétorque « Toi si. Tu étais belle, avant. Maintenant tu es… Desséchée ». Sympa, Hud ! En même temps, on comprend pourquoi Hud n'a pas d'amis...
Très vite, on comprend aussi qu'il n’y a pas grand-chose à attendre de bon là-dedans et on prend le parti d’en rire. Là, par contre on est gâté : il faut avoir vu la bande de hippies échappés du Larzac, fumant d’énormes pétards, ne pas rater la scène où le shérif Gastone Moschin savonne Fabian généreusement dénudée dans son bain et disant soudain, devant son expression outrée : « Excusez-moi, je pensais avoir saisi la savonnette ». Et chérir Mario Adorf en bandido mexicain mégalo, qui compose le manchot le moins convaincant de l’Histoire du 7ème Art avec son moignon à l’horizontale. Un régal…
Le scénario est vainement embrouillé, annonçant pourtant celui de « L'HOMME DES HAUTES PLAINES » et la résolution totalement ridicule (l’or est dans le poêle à charbon de la fiancée de Frankenstein !), mais « LE SPÉCIALISTE » gardera toujours son statut plus ou moins « culte » pour la prestation de Johnny, vraiment inénarrable, et la dernière scène, où les hippies obligent les habitants de la ville à ramper complètement à poil dans la grand-rue, sans qu’on sache très bien pourquoi.
Et dire que l’année précédente, Corbucci signait « LE GRAND SILENCE »…