Le second anniversaire de « WWW » semblait être une occasion rêvée pour intégrer enfin notre mascotte Charley dans la rubrique des « ACTEURS-CULTE DE WWW » dont il était étrangement absent. Voilà qui est fait…
Après Wallace Beery et John Garfield, Charles Bronson incarna un archétype finalement assez rare dans le cinéma U.S. : le ‘working class hero’. Avec ses traits slaves, sa musculature de mineur de fond, sa présence minérale, celui qui débuta sous son vrai nom de ‘Buchinsky’, est devenu une icône imprévue des seventies, une individualité marquée par son époque, mais dont la pérennité étonne aujourd'hui. Sans avoir atteint le statut iconique d’un Steve McQueen, Bronson reste toujours d’actualité, comme le prouvent sa popularité sur le Web et les incessantes rééditions de ses films, jusqu'aux plus obscurs.
On remarque son visage singulier dans ses petits rôles au début des années 50, en marine tête brûlée dans « LA MARINE EST DANS LE LAC », en exécuteur du KGB dans « COURRIER DIPLOMATIQUE », en... employé de la poste dans « JE RETOURNE CHEZ MAMAN ! », en pompier dans « DUEL DANS LA FORÊT », en gangster d’opérette dans « MADEMOISELLE GAGNE-TOUT » (où il est mis K.O. par… Katharine Hepburn !), en sculpteur sourd-muet dans « L’HOMME AU MASQUE DE CIRE », en marin exilé à Hawaii dans « LA BELLE DU PACIFIQUE », en homme de main faux-jeton dans « LE CAVALIER TRAQUÉ », en voyou sadique dans « CHASSE AU GANG » où il fait forte impression, en ‘Native’ renégat dans « BRONCO APACHE », en hors-la-loi joueur d’harmonica (déjà !) dans « VERA CRUZ ».
Il impressionne durablement en Modoc mégalo dans « L’AIGLE SOLITAIRE » où il est extraordinaire et adopte pour l’occasion le pseudonyme de Bronson. Il reparaît en G.I. dans « 10 HOMMES POUR L’ENFER », en ancien hors-la-loi dans « L'HOMME DE NULLE-PART », en Sioux pacifique dans « LE JUGEMENT DES FLÈCHES ».
Bronson tourne des séries B en vedette à la fin des fifties : le gangster couard de « MITRAILLETTE KELLY » (peut-être sa plus impressionnante performance), le chasseur de primes complexé de « SHOWDOWN AT BOOTHILL », le prof d’université qui s’attaque à la pègre dans « GANG WAR », avant de devenir un pilier des « films d’hommes » : l’ami des enfants dans « LES 7 MERCENAIRES », le creuseur de tunnels de « LA GRANDE ÉVASION », le déserteur implacable de « 12 SALOPARDS ». Gros succès où Bronson n’est qu’un des éléments d’un casting « choral ».
Il est un ‘windtalker’ navajo dans « LA PROIE DES VAUTOURS », l’entraîneur du boxeur Elvis dans « UN DIRECT AU CŒUR », un pilote héroïque dans « X-15 ». Il est mémorable en agent secret créé par Jules Verne, dans « LE MAÎTRE DU MONDE » et apparaît en major dans « LA BATAILLE DES ARDENNES », en sculpteur beatnik dans « LE CHEVALIER DES SABLES », en cheminot chaud-lapin dans « PROPRIÉTÉ INTERDITE », en bras droit de « PANCHO VILLA ».
À la fin des sixties, la France fait de Bronson une star, avec sa moustache, son accent yankee et ses biceps, dans quelques bons films : « ADIEU L’AMI » en mercenaire cynique, « LE PASSAGER DE LA PLUIE » en colonel opiniâtre et de nombreux nanars et semi-réussites comme « DE LA PART DES COPAINS », « SOLEIL ROUGE ». Dans « QUELQU’UN DERRIÈRE LA PORTE » et « COSA NOSTRA » il s’essaie sans succès au contremploi.
Sergio Leone l’immortalise dans « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST », utilisant avec génie, ses traits burinés, son impassibilité et son mutisme, dans un rôle mythique de vengeur fantomatique.
L’inégal Michael Winner offre à Bronson de bons rôles : l’Apache vengeur dans « LES COLLINES DE LA TERREUR », le tueur ambigu dans « LE FLINGUEUR », le flic dans « LE CERCLE NOIR », l’architecte improvisé justicier dans « UN JUSTICIER DANS LA VILLE », rôle qu'il reprendra dans quatre sequels navrantes.
Bronson gaspille son statut de star en tournant des séries B sans ambition, même si pas toujours dénuées d’intérêt : le baroudeur de « L’ÉVADÉ », l’entremetteur de « MR. ST-IVES », il revient au contremploi en jouant le bandit trouillard de « C’EST ARRIVÉ… ENTRE MIDI ET TROIS HEURES ». Ses vraies réussites, noyées dans la masse, passent un peu inaperçues : le planteur de pastèques de « MR. MAJESTYK », le boxeur à poings nus dans « LE BAGARREUR ».
À partir du début des eighties, Bronson renonce à toute espèce d’ambition artistique et enchaîne les navets d’autodéfense, devient sa propre caricature, fossilisé dans ses tics : le flic fascisant dans « LE JUSTICIER DE MINUIT », le trappeur solitaire de « CHASSE À MORT », le garde frontalier de « CHICANOS, CHASSEUR DE TÊTES », le tueur à gages retraité de « L’ENFER DE LA VIOLENCE », le garde du corps présidentiel de « PROTECTION RAPPROCHÉE », le flic alcoolique de « LA LOI DE MURPHY », le raciste de « KINJITE », etc.
Sean Penn le ressuscite l’espace d’un petit rôle dans « THE INDIAN RUNNER » où Bronson est bouleversant en père déboussolé qui se suicide.
À la TV, Bronson participe à plus de 130 films, dont trois séries en vedette : « MAN WITH A CAMERA » en photographe, « EMPIRE » en employé de ranch, « LES VOYAGES DE JAMIE McPHEETERS » en guide de caravanes. Parmi les plus récents : « RAID SUR ENTEBBE » en général israélien, « ACT OF VENGEANCE » en syndicaliste, « LE LOUP DES MERS » en capitaine sadique, « LE MESSAGER DE L’ESPOIR » en journaliste suicidaire, « DONATO & DAUGHTER » en flic aux ordres de sa propre fille. Bronson apparaît dans « FAMILY OF COPS » et ses sequels, où il campe le patriarche d’une famille de flics juifs de Milwaukee. Le fan se souvient de son survivant de l’holocauste dans « LA 4ème DIMENSION », du Comanche de « BONANZA », du G.I. pacifiste de « COMBAT ! », de son flic perspicace dans un « FUGITIF », du gangster gitan dans « LES INCORRUPTIBLES ». Il apparaît dans trois « ALFRED HITCHCOK PRÉSENTE », en flic obstiné, en escroc minable et en tueur évadé.