Ex-acrobate de cirque au jeu extrêmement physique, Burt Lancaster décroche d’abord des rôles de brutes sensuelles : le malfrat résigné dans « LES TUEURS » ou « POUR TOI, J'AI TUÉ », le forçat haineux dans « LES DÉMONS DE LA LIBERTÉ », ou de pirates pour rire : « LE CORSAIRE ROUGE », « LA FLÈCHE ET LE FLAMBEAU », avant de prendre en main son destin de star en devenant son propre producteur.
Son jeu volontiers outrancier, parfois en ‘show-off’ éhonté est pourtant des plus versatiles et lui permet d’endosser les personnalités les plus variées. Parfois convaincant dans le contremploi : le prince sicilien vieillissant dans « LE GUÉPARD » et parfois moins : le guerrier insoumis de « BRONCO APACHE » ou le résistant français dans « LE TRAIN » mégot maïs en option.
Parmi ses bons rôles : le cowboy aux poings gantés dans « LA VALLÉE DE LA VENGEANCE », l’alcoolique grisonnant de « REVIENS, PETITE SHEBA » (où il a vingt ans de moins que son personnage), le sergent viril dans « TANT QU’IL Y AURA DES HOMMES », le bandit aux dents blanches sans foi ni loi de « VERA CRUZ », le camionneur italien hilare de « LA ROSE TATOUÉE », le trapéziste aigri dans « TRAPÈZE », l’officier sous-tension de « L’ODYSSÉE DU SOUS-MARIN NERKA », le forain mytho dans « LE FAISEUR DE PLUIE », l’austère Wyatt Earp de « RÉGLEMENTS DE COMPTES À OK-CORRAL », le chroniqueur ignoble dans « LE GRAND CHANTAGE », le prédicateur cabotin de « ELMER GANTRY, LE CHARLATAN » (peut-être son plus beau rôle, en tout cas le plus archétypique), le procureur tenace dans « LE TEMPS DU CHÂTIMENT », le forçat ami des oiseaux dans « LE PRISONNIER D’ALCATRAZ », le fermier héroïque dans « LE VENT DE LA PLAINE », le général fascisant dans « 7 JOURS EN MAI » (où son affrontement final avec Fredric March est un véritable cours d’art dramatique), le nazi dans « JUGEMENT À NÜREMBERG », le dynamiteur rigolard dans « LES PROFESSIONNELS », le trappeur ignorant dans « LES CHASSEURS DE SCALPS », le quinqua nageant de piscine en piscine dans le film-culte « THE SWIMMER », l’acrobate du ciel suicidaire dans « LES PARACHUTISTES ARRIVENT ! », le directeur de l’aéroport de « AIRPORT ».
Lancaster accepte le vieillissement et trouve à l’âge mûr des personnages à sa mesure : le marshal mexicain bourrelé de remords de « VALDEZ », le shérif inhumain de « L’HOMME DE LA LOI », le pisteur fatigué de « FUREUR APACHE », l’espion au bout du rouleau de « SCORPIO », le prof calqué sur le réalisateur Visconti lui-même dans « VIOLENCE ET PASSION », le comploteur de Dallas dans « EXECUTIVE ACTION », l’officier au Vietnam dans « LE MERDIER », le ‘padrone’ gâteux de « 1900 », le malfrat pitoyable de « ATLANTIC CITY », le savant fou de « L’ÎLE DU DR. MOREAU », le général faux-jeton dans « LE PONT DE CASSANDRA », le directeur de la CIA dans « OSTERMAN WEEK-END », le PDG excentrique de « LOCAL HERO », le grand-père mourant de « ROCKET GIBRALTAR » et le vieux gangster têtu de « COUP DOUBLE ».
Son ultime rôle au cinéma est un émouvant adieu, le docteur aimé de tous dans « JUSQU’AU BOUT DU RÊVE » où Lancaster est bouleversant de fragilité. « You were good », lui dit Ray Liotta, juste avant que Lancaster ne disparaisse dans un champ de maïs. Peut-on rêver plus beau départ ?
À noter que Lancaster apparaît en ‘guest’ dans « LE DERNIER DE LA LISTE » déguisé en grosse bonne femme et qu’il joue un bijoutier dans « LA BOUTIQUE DE L’ORFÈVRE », seul film écrit par… Jean-Paul II !
Lancaster apparaît tard à la TV, mais y trouve de grands rôles : Moïse dans « MOSES THE LAWGIVER », un rédac-chef sans foi ni loi dans « SCANDAL SHEET » (clin d'œil au « GRAND CHANTAGE »), Shimon Peres dans « VICTOIRE À ENTEBBÉ », le vétéran de l’aviation de « ON WINGS OF EAGLES », le rôle-titre de « BARNUM », un prélat dans « MARCO POLO », le patriarche allemand de « SINS OF THE FATHERS », le cardinal de « I PROMESSI SPOSI », le savant de « CONTRÔLE », le touriste infirme de « VOYAGE OF TERROR : THE ACHILLE LAURO AFFAIR », un avocat Sud-Africain dans « SEPARATE BUT EQUAL », le père dans « PHANTOM OF THE OPERA ».