Il faut remonter à l’année 1976, et imaginer ce qui a pu se passer dans l’esprit de quelque obscur producteur américain pour se figurer comment a pu exister une abomination intitulée « IL ÉTAIT UNE FOIS…. 2 SALOPARDS » (« LES PLUS MÉCHANTS HOMMES DE L’OUEST », en v.o. !).
Nos anonymes ont déniché deux épisodes d’une série télé (« LE VIRGINIEN » en l’occurrence), le premier de 1963 « IT TOLLS FOR THEE » réalisé par Samuel Fuller, avec Lee Marvin, et le second tourné quatre ans plus tard « THE RECKONING », avec Charles Bronson en « guest ». Ces éléments en main, ils ont dû pondre ce qu’on doit tout de même appeler un scénario, pour faire des deux vedettes des frères ennemis réunis dans une même histoire !
Pour cela, nos amis ont investi et tourné un prologue inédit de vingt minutes montrant le père de nos héros (Michael Conrad), qui le jour de la naissance de Harge (Bronson) décide de sacrifier sa femme pour que l’enfant survive. L’aîné (le futur Marvin, donc) fou de rage, tuera son père avant de fuguer.
Quand le « film » commence, les deux frangins devenus hors-la-loi, braquent une banque. Bronson est étrangement tremblotant : normal, son plan a été « détouré » et sa silhouette hâtivement recollée dans le décor de la banque où il n’a évidemment jamais mis les pieds vu que les images ont été tournées quatre ans plus tôt. Vous suivez ?
Ensuite, pour boucher les (nombreux) trous, nos producteurs ont retrouvé les comédiens de l’épisode de ’67 : Miriam Colón, Don Mitchell, Kevin Hagen, leur ont refilé des costumes à peu près ressemblants à ceux qu'ils portaient neuf ans plus tôt et ont filmé des gros-plans avec des répliques explicatives pour faire le lien. Vous suivez toujours ?
Là-dessus, ils ont – pourquoi se gêner ? – piqué des plans de poursuite à cheval dans des vieux serials libres de droits, collé là-dessus une monstrueuse musique d’ascenseur et… emballé, c'est pesé !
C'est ainsi, qu’en 1977 est sorti partout dans le monde « IL ÉTAIT UNE FOIS… 2 SALOPARDS » (bravo au passage, pour le titre français !), un western de Samuel Fuller, avec Charles Bronson et Lee Marvin.
Sur l’affiche ou le matériel publicitaire, aucune mention du tripatouillage, encore moins de l’année du matériau d’origine. Pourquoi tout gâcher ? Le fruit de cette sublime arnaque est absolument irregardable comme il se doit, mais procure une sorte de fascination incrédule : un western-fantôme qui n’existe pas, n’a jamais été tourné ni écrit et qu’on trouve pourtant en DVD aux U.S.A. et en Allemagne.
Franchement, pour l’amateur pervers, c'est un must absolu…