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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 09:28

« ROAD TO NOWHERE » est exactement le type de film qu’on aimerait aimer, qu’on DEVRAIT aimer, mais qui laisse médusé, dépité et un peu tristounet à la fin. Le comeback de l’octogénaire Monte Hellman, figure légendaire du nouvel Hollywood des sixties, après des années de silence, un ‘trip’ dans l’univers des tournages de films, un scénario qui de loin,ROAD paraît évoquer le sublime « MULHOLLAND DR. » de Lynch, oui tout cela est bien alléchant…

Hélas ! Hellman a toujours privilégié dans son œuvre un rythme lent, contemplatif, mais là, il pousse le bouchon très loin : il n’est pas exclu que certains spectateurs « zappent » après seulement dix minutes de projection, tant le film enchaîne les plans-séquences en temps réel, fixes et interminables. Du vernis à ongle passé au sèche-cheveu se retrouve au centre d’une loooongue scène d’ouverture. Et quand enfin cela se met en branle, c'est pour passer d’un niveau de narration à l’autre, du rêve au fantasme, du tournage au flash-back, etc. Dire qu’on n’y comprend goutte serait un doux euphémisme, mais le pire est qu’on s’en fiche royalement. Ce scénario (dé)construit façon puzzle, ces dialogues décalés font bien davantage penser aux scories d’un « premier film » plutôt qu’au testament d’un vieux cinéaste.

Shannyn Sossamon, pour charmante qu'elle soit, ne possède certes pas le mystère et la fragilité nécessités par le rôle. Pour bâtir entièrement un film sur le charisme supposé d’une comédienne, encore faut-il dénicher une Ava Gardner et lui écrire un rôle comme l’aurait fait Mankiewicz. À ses côtés, des partenaires pâlichons, dont un Waydon Payne dans une imitation un brin pénible de James Dean. Notons la courte présence de Fabio Testi (qui tourna jadis un western pour Hellman), en père de l’héroïne.

On pourra s’attendrir de clins d’œil sympathiques à Jack Nicholson, vieux complice du réalisateur, au ‘film noir’, à Barbara Stanwyck, reconnaître la poésie de quelques plans çà et là, deviner le film qu’aurait pu être « ROAD TO NOWHERE », s’il s’était un peu moins pris au sérieux. Rageant…

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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 08:55

Lointainement inspirée de la série TV de Bruce Geller, la ‘franchise’ des « MISSION : IMPOSSIBLE » a connu des hauts et des bas. Le premier film était froid et mécanique, sans âme. Le second était une pub (au ralenti) pour le génie et la beauté de Tom Cruise. Alors MI4qu’on allait se décourager, le 3ème surprit tout le monde : un vrai bon film d’action haletant et parfaitement maîtrisé.

« MISSION : IMPOSSIBLE – GHOST PROTOCOL » se situerait plutôt dans cette bonne mouvance. Un scénario qui tient la route, un ‘mcguffin’ cohérent, des seconds rôles bien travaillés (tout particulièrement Jeremy Renner à qui on a donné le droit d’exister face à Cruise) et des séquences d’action étonnantes : que demande le peuple ? Pas grand-chose de plus, en fait. À part peut-être de savoir couper la machine au bon moment. Comme la plupart des ‘blockbusters’ dépassant les deux heures de projection, celui-ci a clairement une demi-heure de trop. La surenchère est telle, qu’à l’arrivée de l’équipe en Inde, on commence à regarder sa montre et à se demander ce qu’on va bien pouvoir encore nous infliger. C'est le risque de ce genre de film basé uniquement sur le mouvement et le spectacle et ne laissant qu’une part minuscule à la psychologie ou (attention, gros mot !) aux sentiments.

Aucune surprise à attendre de la part de Tom, évidemment. Le cheveu au vent, le biceps conquérant, l’œil de velours, il fait son petit numéro bien au point sans insuffler une once d’humanité à son personnage. Simon Pegg apporte un élément nouveau à la série : le ‘comic relief’ en jouant un comparse gaffeur. Il a un peu de mal à s’intégrer. On a également droit à trois ‘caméos’ sympathiques dont l’excellent Tom Wilkinson, Ving Rhames (vétéran des trois autres films) et un autre qu’on ne dévoilera pas, pour ne pas ‘spoiler’.

En bref et pour résumer : un Grand-8 parfaitement huilé, à voir en laissant sa cervelle et son sens critique au vestiaire. Bien plus que les avatars avec Daniel Craig, « MISSION : IMPOSSIBLE » s’impose comme le 007 des années 2000.

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 17:58

LEGS (2)« LA CHUTE D’UN CAÏD » peut apparaître aujourd'hui comme l’aïeul d’un film comme le « SCARFACE » de DePalma : l’ascension d’un tueur sans pitié mais opportuniste, puis sa chute vertigineuse dans la paranoïa et la mégalo. Pas mal d’autres détails narratifsLEGS (1) renvoient également au film des années 80.

Réalisé par Budd Boetticher, homme des grands espaces qui paraît ici à l'étroit, le LEGS (3)présent film ressemble à s’y méprendre à un long épisode de la série TV « LES INCORRUPTIBLES », du noir & blanc contrasté aux décors un peu ‘cheap’, en passant par les seconds rôles caricaturaux, tout cela manque d’ambition et de panache. La faiblesse insigne de l’acteur principal Ray Danton, n’aide pas non plus à élever le débat. Dans un personnage à facettes qui nécessitait une personnalité charismatique, Danton ressemble à un danseur mondain brillantiné et s’avère catastrophique dans les scènes paroxystiques. Face à lui, Karen Steele – guère stimulée par ce partenaire – fait ce qu'elle peut d’un rôle de pauvre fille soumise et sans volonté, où sa silhouette (pourtant son point fort) est à peine mise en valeur. Quelques acteurs LEGSde second plan viennent heureusement relever le niveau : Warren Oates en frérot tuberculeux et simplet, la toute jeune Dyan Cannon en poule à gangster décervelée et Simon Oakland en flic ombrageux.

Pas assez incisif dans son écriture pour décrypter l’âme tourmentée de ce monstre qu’était ‘Legs’ Diamond, pas suffisamment violent pour être vraiment ‘trash’, « LA CHUTE D’UN CAÏD » est un petit film assez creux et décevant, surtout parce qu'il porte la signature de Boetticher dont on attend toujours un peu plus. Ça se laisse regarder d’un œil distrait, mais on ne cesse de penser à la série d’Eliot Ness, dont les épisodes avaient l’avantage de durer la moitié tout en en racontant beaucoup plus.

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 17:25

FLESHFURY (2)« FLESH AND FURY » n’est pas tout à fait un film de boxe comme les autres, puisque son héros est un pugiliste… sourd-muet ! Campé par un tout jeune Tony Curtis qui est filmé comme un Dieu grec, celui-ci est probablement un des plus « beaux gosses » parmi les boxeurs du cinéma avec Delon dans « ROCCO ET SES FRÈRES ».

Le scénario de ce mélodrame mâtiné de ‘film noir’ est excessivement bizarre, puisqu’au FLESHFURY (1)fond, il présente la surdité non pas comme un handicap, mais presque comme un superpouvoir. Parce qu'il est sourd, Curtis n’entend pas la foule lors des combats et peut se concentrer à 100% sur le match. Après une opération qui lui rend l’ouïe, tout se détraque : déjà, il peut entendre les conversations autour de lui, ce qui l’horrifie totalement, ensuite il n’arrive plus à se focaliser et devient mauvais sur le ring. C'est seulement en prenant trop de coups pendant le dernier combat et en redevenant sourd, qu’un sourire victorieux apparaît sur ses lèvres : ça y est ! Il a retrouvé ses « pouvoirs » et démolit d'ailleurs son adversaire les doigts dans le nez.

Tout cela est bien confus et déconcertant, très certainement bien intentionné, mais écrit avec une confondante maladresse. C'est par contre bien filmé, hormis les séquences de boxe d’une grande platitude, le noir & blanc est magnifique et pour notre plus grande joie, le beau Tony est tiraillé entre deux femmes : la riche et honnête journaliste Mona Freeman et l’abominable ‘bad girl’ platinée : Jan Sterling. Celle-ci fait une fabuleuse composition de garce absolue, qui utilise le naïf garçon comme une vache-à-lait, le traite de ‘dummy’ (sourdingue) et finit même par parier contre lui. L’actrice fait preuve d’une énergie mauvaise et d’une vulgarité roborative qui électrisent tout le film et lui évitent de sombrer dans la guimauve. Ses hurlements quasi-orgasmiques à chaque KO valent vraiment le coup d’œil. Parmi les seconds rôles, on aperçoit brièvement Harry Guardino en frangin jaloux de Curtis.

FLESHFURY

Un film agréable donc, à condition de ne pas trop chercher à comprendre son message. Message par ailleurs contredit par l’épilogue en total contresens.

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 16:31

WOMENPRISON (1)Bien sûr, pour qui a vu la série « OZ », un film comme « FEMMES EN PRISON » peut sembler gentillet et naïf. Oui, c'est vrai, le scénario est excessivement manichéen : le WOMENPRISON (2)directeur de la taule est un gros imbécile insensible, laWOMENPRISON (3) garde-chiourme de l’aile des femmes est une sadique psychopathe et les détenues sont toutes pittoresques et sympathiques. Jusqu'à l’une d'elles qui nous gratifie de quelques imitations – dont une de Bette Davis – légèrement hors-sujet.

Mais à part cela, on peut prendre un vrai plaisir à voir ce petit film noir & blanc, ne serait que pour la présence de quelques icônes du ‘film noir’ des années 40 et 50 réunies pour l’occasion : Jan Sterling, la dodue Cleo Moore, l’excellente Audrey Totter et Ida Lupino, rien que ça ! Elles ont toutes des rôles bien typés et écrits avec verve, surtout Sterling qui bouffe l’écran dans un numéro de blonde-platine rouée et courageuse et Lupino qui s’en donne à cœur-joie en ‘warden’ inhumaine.

Ces dames forment un chœur tout à fait convaincant et si certaines ficelles WOMENPRISONmélodramatiques semblent un peu grosses, le film a un bon rythme et n’ennuie jamais. À peine regrettera-t-on certaines maladresses scénaristiques qui font par exemple, disparaître subitement cette gentille ménagère emprisonnée à la suite d’un accident de la route, et qu’on nous présentait comme l’héroïne et fil-rouge du film. L’épilogue la montrant le jour de sa libération, et alors qu’on l’avait quasiment oubliée, tombe comme un cheveu sur la soupe.

Loin des séries Z voyeuristes suscitées par les prisons de femmes, ce film ne pose jamais un œil graveleux sur la situation (ne pas se fier à l’affiche, par contre !) et tente de brosser un portrait généreux et plein d’empathie sur ces dames. Quitte à tomber dans l’angélisme et à perdre en crédibilité.

WOMENPRISON (4)

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 16:14

Le titre français « MÊME LES ASSASSINS TREMBLENT », malgré sa confondante nullité, a au moins le mérite de bien commenter le propos des auteurs de ce ‘film noir’ mêlant thriller et menace atomique, deux ans avant « EN QUATRIÈME VITESSE ». Oui, ils SPLIT SECOND (1)sont bien dérisoires, les tueurs psychopathes face à la bombe !

L’idée de base est ingénieuse : le scénario est une sorte de remake de « LA FORÊT PÉTRIFIÉE » dans lequel Stephen McNally reprend plus ou moins le rôle de Bogart : un tueur évadé qui retient des quidams en otages dans une cabane isolée au milieu d’une ville-fantôme. À part que par-dessus ce canevas archi-classique, on a droit à un bonus de taille : des essais atomiques ont lieu dans le périmètre et une bombe doit exploser à l’aube.

Si le début et la fin du film fonctionnent très bien et connaissent même quelques moments bien stressants, le milieu – la longue attente nocturne – est une sorte de « ventre mou » qui a du mal à passionner, malgré les menaces du méchant, quelques tentatives avortées des otages et une amorce de love story entre un journaliste et une danseuse égarée. Heureusement, le casting est de premier ordre : Alexis Smith assume courageusement un rôle d’opportuniste prête à tout pour s’en sortir, tellement abjecte que les malfrats semblent presque sympathiques par comparaison. Chose étonnante, elle ne connaîtra aucune rédemption ! Jan Sterling est superbe en « pauvre fille » blasée, revenue de tout, mais qui n’a pas tout à fait renoncé au bonheur. Richard Egan est bien en jeune docteur courageux qui prononce l’excellente dernière réplique (« Allons jeter un coup d’œil au monde de demain ») juste après l’explosion et Arthur Hunicutt qui semble évadé d’un western, joue un prospecteur jacasseur comme d'habitude. On reconnaît aussi Frank DeKova en porte-flingue à moitié demeuré.

SPLIT SECOND

Bizarrement, le réalisateur Dick Powell tournera trois ans plus tard « LE CONQUÉRANT » dans un désert servant à des essais atomiques, provoquant la mort de plusieurs interprètes du film. Ce qui rend la dernière réplique encore plus prémonitoire…

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 16:04

La seule et unique façon de juger un film comme « STRAW DOGS », c'est de n’avoir jamais vu « LES CHIENS DE PAILLE » de Sam Peckinpah, tourné exactement 40 ans plus tôt et dont il est le fidèle (servile ?) remake.

Pourquoi refaire un film qui est devenu un classique ? Qui n’a pas pris une ride ? Qui a influencé des générations de cinéastes ? Qui a un bien meilleur casting ? Pourquoi le refaire STRAWDOGSquasiment à l’identique, si c'est pour l’aseptiser, le priver par exemple de l’ambiguïté du personnage féminin qui donnait tout son prix à l’original ? Il n’y a évidemment aucune réponse à ces questions. Peut-être le film s’adresse-t-il à un public qui n’aime pas voir des œuvres anciennes… Et pourtant le Peckinpah est en couleurs ! Et il est même disponible en Blu-ray.

En s’efforçant d’oublier le premier film – vœu pieux ! – on ne peut pas dire grand-chose de sa photocopie. Le décor de la Louisiane remplace celui bien plus évocateur des Cornouailles, le protagoniste est devenu scénariste de cinéma au lieu de mathématicien, ce qui n’apporte strictement rien à sa personnalité et sa douce moitié est une starlette ‘white trash’ pas bien futée, là où Susan George campait une femme-enfant compliquée et porte-poisse. En bref, on perd sur tous les tableaux. Alors bien sûr, en tant que produit cinématographique, c'est proprement confectionné, la photo est belle, le CinémaScope bien rempli, mais c'est tellement « politiquement correct » et explicatif que les auteurs se croient même obligés d’expliquer le titre qui était resté un vrai mystère pendant des années.

James Marsden se sort à peu près d’un rôle édulcoré, les seconds rôles sont sans relief, hormis ce bon vieux James Woods qui s’éclate en ‘coach’ alcoolisé et violent par qui le malheur arrive. Mais là encore, quand on repense à la bestialité de Peter Vaughan…

Bref ! Il faudrait posséder l’appareil des « MEN IN BLACK » pour effacer le chef-d’œuvre de Peckinpah de sa mémoire avant de visionner cette inutile resucée. Pour ceux qui ne l’ont jamais vu, le film de Rod Lurie aura peut-être une toute autre saveur…

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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 15:58

« LE MYSTÈRE DE LA PLAGE PERDUE » est un des premiers films de John Sturges, un polar d’investigation dont le début s’apparente visuellement au ‘film noir’ mais qui évolue M STREET (1)ensuite vers une enquête traditionnelle. Enfin, pas tant que cela en 1950, puisque le scénario – cosigné Richard Brooks – initie le public aux méthodes « modernes » de la médecine légale qui devait aboutir à des séries à succès comme « LES EXPERTS » ou « BONES » six décennies plus tard.

Ici, le meurtre d’une entraîneuse enceinte, voit collaborer un jeune flic (Ricardo Montalban) et un prof de Harvard aux méthodes opposées mais complémentaires. L’histoire est plutôt bien agencée, on retrouve déjà le style sec, efficace, sans chichi inutile de Sturges et son don pour typer ses personnages en quelques traits. Ainsi Elsa Lanchester, l’ex-fiancée de Frankenstein, est-elle délectable en logeuse digne des Thénardier, fielleuse et âpre au gain. Elle vole la vedette à tous ses partenaires avec une rouerie inouïe. On aperçoit aussi Marshall Thompson, futur « DAKTARI » de la TV, en pauvre bougre soupçonné à tort et hélas, la toute jeune Jan Sterling. Pourquoi hélas ? Parce que c'est elle la victime ! Et qu’après quelques minutes où elle crève l’écran en prostituée blasée et endurcie malgré son jeune âge, elle n’apparaît que sous forme de… squelette. Un gâchis…

M STREET

Ce genre de film a beaucoup vieilli par définition, mais Sturges utilise très bien les extérieurs de Boston, offre une visite guidée de Harvard et son talent de conteur fait qu’on suit l’enquête jusqu'à son dénouement, sans s’ennuyer une seconde.

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 22:34

DENVERSorti en pleine mode post-tarantinienne, « DERNIÈRES HEURES À DENVER » en avait agacé plus d’un à sa sortie. C'était la grande mode des polars à la construction éclatée, aux DENVER (2)dialogues ultra-chics et aux castings affriolants. En fait, les années ont été clémentes envers le film de Gary Fleder et il a pris une jolie patine.

Le scénario – même s’il est construit de façon alambiquée et prend de curieux chemins de traverse – est d’une simplicité biblique : cinq malfrats ringards ratent une opération d’intimidation et sont condamnés à mort par leur employeur. Ce qui intéresse ici, ce sont évidemment les personnages et leur interaction. Ainsi, l’épisode « recrutement » du début, à la façon des « 7 MERCENAIRES », permet-il de retrouver avec bonheur de vieilles connaissances comme Christopher Lloyd en projectionniste porno perdant ses doigts et orteils, Treat Williams hallucinant en boxeur déjanté s’entraînant surDENVER (1) des cadavres (« I’m Godzilla, you’re Japan !!! ») ou William Forsythe en ex-caïd tatoué jusqu'aux yeux.

Mais c'est Andy Garcia qu’on suit du début à la fin. Ancien voyou rangé des voitures, il était alors dans sa bonne période et compose un ‘Jimmy the Saint’ très attachant, à la fois frimeur et sincère, généreux et dangereux. Face à lui, Fairuza Balk compose un très joli personnage de petite pute junkie et Christopher Walken « walkénise » en roue-libre en ‘boss’ tétraplégique et malfaisant. Sans oublier l’inénarrable Steve Buscemi en ange de la mort.

Sous ses allures de polar nocturne et jazzy, « DERNIÈRES HEURES À DENVER » est un exercice de style surfant sur plusieurs genres en même temps, sans jamais en choisir un. Entre réalisme et ultra-stylisation, émotion et humour noir, le film finit par se trouver une véritable identité et ne ressemble finalement à aucun autre. Et surtout pas à Tarantino…

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 23:13

À un moment donné dans « JACK LE MAGNIFIQUE », Ben Gazzara raconte l’histoire d’un type qui va voir son médecin parce qu'il a de l’urticaire sur le bras. Le docteur lui demande quel est sonST JACK métier : le patient fait des lavements aux éléphants dans un cirque et doit y mettre tout le bras. Le praticien lui dit alors que s’il change de job, tout rentrera dans l’ordre. « Quoi ? » s'indigne alors le type. « Quitter le show business ? ». La blague n’a aucun rapport avec l’intrigue du film, mais résume assez bien son état d’esprit et son humour singulier.

Signé Peter Bogdanovich – dont c'est probablement le chef-d’œuvre – le film fait penser à une version asiatique et décadente de « CASABLANCA » revisitée par un émule de Cassavetes. Gazzara joue un exilé yankee à Singapour, qui tient un bordel et connaît tout le monde. ‘Jack Flowers’ est un mec cool, sympathique et chaleureux, toujours prêt à rendre service. Il ne juge personne, se fait des amis partout et traîne sa fatigue lors de longues nuits moites. L'homme pourrait être un grenouilleur sordide, un « mac » répugnant, mais Gazzara lui apporte un charisme et une humanité inattendus qui font tout le prix du film. Son amitié naissante avec Denholm Elliott (absolument génial), un comptable anglais cardiaque, est ce qu'il y a de plus touchant dans le scénario. Une fraternité éphémère entre deux hommes totalement différents mais tous deux au bord du gouffre.

La photo très naturaliste et sombre de Robby Müller est pour beaucoup dans l’envoûtement généré par « JACK LE MAGNIFIQUE ». Après les presque deux heures de projection, on jurerait avoir fait le voyage et même senti les odeurs !

Impossible de ne pas faire la relation entre ‘Jack’ et le ‘Cosmo’ de « MEURTRE D’UN BOOKMAKER CHINOIS », l’autre rôle emblématique de Ben Gazzara, d’autant qu'il se retrouve lui aussi face à un dilemme moral à la fin. Au bout de sa nuit, le bonhomme a le choix entre demeurer un brave type envers et contre tout ou devenir un sale type, comme il aurait dû l’être depuis bien longtemps.

ST JACK (1)Oublié et méconnu, ce film produit par Roger Corman est un véritable bijou, finement ciselé, traversé de sensations fortes et diffuses à la fois, d’atmosphères fugaces, de bouffées d’émotion. Et pour le regretté Ben Gazzara, le rôle de sa vie.

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