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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 17:44

« LES BAS-FONDS NEW-YORKAIS » n’aurait pu être signé par nul autre que Sam Fuller. Dans un style visuel agressif, décomplexé, ne reculant devant aucun effet, il signe une autopsie du crime organisé aux U.S.A., par le biais de la vengeance d’un petit malfrat, dont il suit le destin depuis ses 14 ans. Véritable « ver dans le fruit » pour la pègre, Tolly Devlin va faire exploser la mafia, pour venger son pauvre paumé de père, qu'il a vu battre à mort dans une ruelle sordide, un peu à la manière de Bruce Wayne, dans « BATMAN ».

Si le scénario ne s’embarrasse d’aucune subtilité, ne s’attarde jamais sur la psychologie des personnages, et ne cherche aucune justification à leurs actes, il finit par prendre des allures de tragédie noire et inéluctable, et s’achève où il avait commencé : dans une ruelle puante, au milieu des poubelles.

Les trois protagonistes du film sont exceptionnels : Cliff Robertson d’abord, acteur généralement insipide, trouve ici son meilleur rôle, en voyou rusé mais sans cœur. Sa réaction odieuse, quand sa maîtresse lui déclare son amour, est vraiment très inhabituelle dans un film hollywoodien. En « pauvre fille » paumée et instable, Dolores Dorn est également superbe, et Beatrice Kay compose un magnifique personnage de femme seule, vieillissante, seule famille qu’ait jamais connu Tolly. À ce sujet, le jeune acteur choisi pour incarner celui-ci à l’âge de 14 ans, est un hallucinant portrait-craché de Robertson. Jusqu'aux maniérismes.


Œuvre nocturne et réaliste, pourtant excessivement stylisée,  « LES BAS-FONDS NEW-YORKAIS » s’embourbe parfois dans des séquences redondantes entre caïds, témoins de la volonté de Fuller, de décrire par le menu le mode de fonctionnement de la pègre de l’époque, mais c'est un des films les plus aboutis du réalisateur, dont les cadrages toujours singuliers, sont une véritable signature.

 

À NOTER : le film est enfin visible en DVD, dans un coffret sorti récemment en zone 1, doté de sous-titres français.

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 09:02

Énième variation sur le vieux thème de Jack l’Éventreur, « THE LODGER » a tout du premier film : réalisation à effets appuyés, clins d’œil maladroits à Hitchcock, direction d’acteurs flottante, et scénario tellement retourné en tous sens, qu'il en perd toute épaisseur. C'est une succession de fausses pistes, de chausse-trappes, de coups de théâtre, dont certains tellement tirés par les cheveux, qu'ils en deviennent incompréhensibles.

Pourtant, le concept de base, de lâcher un « copycat » du tueur de Londres, dans un quartier de L.A. appelé « Whitechapel » en valait bien un autre, mais il aurait fallu l’aborder de façon plus stylée, plus esthétique. Dans « THE LODGER », tout est extrêmement rudimentaire, frisant même souvent l’amateurisme.

Le casting est inégal : Alfred Molina, bon acteur anglais, est horriblement mal distribué en superflic américain obsessionnel (un peu comme si Peter Lorre avait joué Dirty Harry…), Simon Baker (héros de la série « THE MENTALIST ») est plus intrigant, en possible éventreur, et il faut tout le talent de l’excellente Hope Davis, pour maintenir un semblant d’intérêt jusqu'à la fin. Shane West, Rachael Leigh Cook ou Rebecca Pidgeon, l'égérie de David Mamet, n’ont pas grand-chose à faire.

C'est de la série B, que son évidente ambition de départ rend d’autant plus agaçante. À tout prendre, si l’on tient absolument à voir un film sur Jack l’Éventreur dans l’Amérique moderne, mieux vaut revoir le délicieux quoiqu’un peu désuet « C'ÉTAIT DEMAIN », beaucoup plus ludique.

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 18:24

Classique mineur de la série B et du film noir, « LE VOYAGE DE LA PEUR » a pour singularité d’avoir été tourné par une comédienne connue : Ida Lupino, qui parvint à faire carrière dans un monde alors essentiellement masculin. De fait, pas grand-chose de féminin, dans ce suspense dépouillé et viscéral, qui démarre dans le vif du sujet, sans perdre de temps à décrire la vie des protagonistes, et les confronte rapidement avec leur pire cauchemar : un auto-stoppeur qui s’avère être un dangereux serial killer en cavale.

Vif, nerveux, réduisant les dialogues au strict nécessaire, et s’appliquant à ce que toutes les réactions des deux otages – pas particulièrement sympathiques ou même attachants – soient le plus logiques et plausibles possible, « LE VOYAGE DE LA PEUR » doit énormément à la performance de William Talman, qui crée un tueur effrayant de réalisme, sans la moindre compassion, le plus petit soupçon d’humour. C'est tout simplement une brute sans cervelle, la mort incarnée, et Frank Lovejoy et Edmond O’Brien n’ont aucune clémence à attendre de lui. Donc, exit le syndrome de Stockholm !

Ce qui déçoit aujourd'hui, dans un tel film, c'est la faiblesse de son scénario, qui semble se déliter au fur et à mesure qu'il progresse, perd du temps à décrire les policiers traquant l’assassin, et se conclut d’une façon terriblement plate et déconcertante. Ce refus du sensationnalisme est bien sûr louable, mais laisse sur une impression de banalité dommageable.

Ida Lupino a parfaitement utilisé les décors de désert, vus et revus dans les westerns, sorte de no man’s land sans début ni fin, et presque tenu le pari de maintenir l’intérêt sur une seule et unique situation de départ, sans vrai rebondissement, ou surprise. Mais si la monotonie pointe parfois son nez, le visage grimaçant de William Talman, son œil à moitié clos, sa puanteur qu’on croit percevoir pendant tout le film, jusqu'à ce qu’O’Brien la mentionne, hanteront longtemps les mémoires.

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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 08:06

« SLEVIN » fait partie de cette mouvance de polars ultra-violents, teintés d’humour noir, de dialogues cinglants, et construits de façon exagérément compliquée, vers une chute inattendue, dont la source se situe dans l’œuvre de Quentin Tarantino.

À priori donc, rien de palpitant, si ce n’est que « SLEVIN » a également puisé son inspiration dans le western. Le western italien, pour être plus précis. Le thème des deux clans rivaux, enrôlant le même homme qui les dresse l’un contre l’autre provient évidemment de « POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS » (lui-même calqué sur « YOJIMBO »), mais le scénario est une adroite transposition du moins connu « LA MORT ÉTAIT AU RENDEZ-VOUS », un « spaghetti » de 1967, réalisé par Giulio Petroni. Josh Hartnett et Bruce Willis reprennent clairement les rôles de John Philip Law et Lee Van Cleef, l’histoire est différemment agencée bien sûr, mais fondamentalement, c'est la même. Et le froid professionnalisme des tueurs, le thème de la vengeance, et même le « gag » final du gilet pare-balles, renvoie au Far West « all’Italiana ».

La bonne surprise de « SLEVIN », c'est le jeune Josh Hartnett déjà étonnant dans « 30 JOURS DE NUIT », qui parvient à rendre presque inquiétant un personnage pourtant présenté comme un naïf, traînant une sérieuse scoumoune dans son sillage. L’indifférence amusée qu'il affiche en permanence, le rend opaque et intrigant. À ses côtés, Willis abonné aux rôles de tueurs à gages (« CHACAL », « MON VOISIN LE TUEUR ») fait son job sans surprise, et les deux vétérans Ben Kingsley et Morgan Freeman, se délectent visiblement, en caïds paranoïaques.

« SLEVIN » est un brin trop chichiteux pour son propre bien, il met un peu trop longtemps à décoller vraiment, mais c'est un film noir sophistiqué et amusant, au dénouement tout à fait satisfaisant.

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