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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 16:34

FURIE DESIR (1)« LA FURIE DU DÉSIR » (encore un titre français tout ce qu'il y a de sobre !) a une bien meilleure réputation en Europe qu’aux U.S.A. où il est considéré comme un mélo à la limite du ridicule. La vérité se situe probablement entre les deux tendances. L’ombre de Faulkner et Tennessee Williams flotte au-dessus de ce film qui se veut érotique et social à la fois. Mais King Vidor a fait de drôles de choix de casting, qui gâchent trop souvent de bonnes intentions.

Ainsi, Jennifer Jones a-t-elle un rôle magnifique de sauvageonne sexy et indomptable, qui se transforme en nouvelle-riche revancharde. Mais son jeu outrancier, fait de grimaces et de poses caricaturales ne rend guère justice à Ruby Gentry. Face à elle, Charlton Heston n’est pas beaucoup mieux casté. Censé être un individu ambitieux et sensuel, véritable objet de désir, contrôlé par ses passions, il campe son personnage avec sa raideur et sa théâtralité habituelles, là où un jeune Paul Newman aurait été beaucoup plus à sa place. Les deux comédiens ne génèrent aucune alchimie à l’écran et leurs scènes passionnelles sombrent souvent dans le grotesque et l’excessif. Seul Karl Malden fait une belle prestation dans le rôle du mari riche, mais rejeté par l’aristocratie locale à cause de ses origines prolétaires. Pas un contremploi pour l’acteur qui a beaucoup joué les cocus et les laissés-pour-compte, mais il excellait vraiment dans ce genre de personnage ingrat et pathétique.

FURIE DESIR

Le vrai sujet de « LA FURIE DU DÉSIR », c'est bien cette échelle sociale, ce mur invisible que Ruby ne pourra jamais franchir quoi qu’elle fasse. Et son argent et son pouvoir n’y pourront rien changer. Elle est et restera née « on the wrong side of the tracks » comme le répète plusieurs fois la solennelle voix ‘off’ qui accompagne le film.

Malgré ses nombreux défauts, « LA FURIE DU DÉSIR » vaut d’être vu pour ses décors de marécages en studio, une photo subtile et envoûtante et pour sa fin, une belle poursuite fantasmagorique dans une sorte d'Eden corrompu, qui fait subitement décoller le film vers autre chose.

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 14:52

OMEGAN MAN (3)« LE SURVIVANT » fait-il partie de ces fameux films « qu’on ne devrait jamais revoir » ? Oui et non. Oui parce qu'il a techniquement beaucoup vieilli et que son manque de budget se faire cruellement ressentir. Non parce que le premier tiers est toujours aussi saisissant etOMEGAN MAN (2) efficace. Et aussi parce qu’entre la série B italienne des sixties avec Vincent Price et l’espèce de jeu vidéo de Will Smith, c'est OMEGAN MAN (1)encore la meilleure adaptation du roman de Richard Matheson « JE SUIS UNE LÉGENDE ».

Signé Boris Sagal, un bon téléaste, « LE SURVIVANT » démarre donc très fort par des plans de L.A. complètement désert, des rues jonchées de cadavres momifiés. Bien sûr, le plaisir est souvent gâché par d’incessants coups de zoom et des accélérés dans l’image qui datent terriblement le film. Mais la vision qu’offre le réalisateur d’un monde post-apocalyptique rejoint avec 40 ans d’avance celle desOMEGAN MAN (4) œuvres récentes sur le même thème.

L’idée de caster Charlton Heston dans le rôle du savant-ange exterminateur était un coup de génie. Trimballant avec lui toute une mythologie de l’Armageddon depuis « LA PLANÈTE DES SINGES », l’acteur est tout à fait à sa place. Un peu moins peut-être, dans les scènes de badinage avec Rosalind Cash, la ‘black panther’ coiffée afro, où le « Chuck » paraît très mal à l'aise. Il faut dire que ce long passage est ce qu'il y a de pire dans le film et que le dialogue y est d’une ringardise à toute épreuve. Mais certains moments font sourire : quand une fillette lui demande « Es-tu Dieu ? » par exemple et que Heston, toujours modeste, ne sait que répondre. Ou quand il donne une mitraillette à Rosalind qui demande à quoi ça sert : « À réconforter », répond le futur président de la NRA. Sans même parler du plan final, dans lequel l’acteur « biblique » par excellence rejoint celui à qui il donnait à boire dans « BEN-HUR » et qu'il baptisait dans « LA PLUS GRANDE HISTOIRE JAMAIS CONTÉE ».

OMEGAN MAN

En un mot comme en cent, « LE SURVIVANT » doit être remis dans son contexte pour être apprécié aujourd'hui. Car sa facture a tellement vieilli qu'il est facile de s’en moquer et de le reléguer dans les oubliettes des vieilleries obsolètes. Dans le tryptique SF de Heston, entre « LA PLANÈTE DES SINGES » et « SOLEIL VERT », c'est le film qui a le moins supporté le poids des ans. Mais pour quelques scènes magistrales au début, cette projection solitaire de « WOODSTOCK », et pour le visage torturé de Heston magnifiquement éclairé par le génial Russell Metty, le film vaut tout de même le coup d’œil. En toute connaissance de cause.

 

À NOTER : le film est sorti en UK dans un Blu-ray très satisfaisant et chose rare, doté de sous-titres français.

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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 17:30

SECRET PLANETE SINGES (1)« LE SECRET DE LA PLANÈTE DES SINGES », tourné un an après le succès du premier film n’est pas réellement une sequel. C'est un ersatz. Tous les éléments semblent être présents à l’appel : singes, décors, personnages, mais rien à faire. Ce film est à celui de F.J. Schaffner ce que la bière sans alcool est à la bière.SECRET PLANETE SINGES (2)

Vétéran de la télévision, Ted Post est un honnête faiseur et remplit son contrat. On sent dès le début que le scénario aurait été plus cohérent et logique si Charlton Heston avait tenu le rôle principal. Mais celui-ci s’est poliment désisté, laissant la place à une sorte de clone, portant la même barbe et le même pagne, héritant de la même copine. Le sympathique James Franciscus, vedette de séries télé, n’a pas l’envergure de son aîné et marche laborieusement sur ses brisées.

La seconde moitié du film, portée par un louable « message » antiatomique, sombre dans le ridicule le plus rédhibitoire avec cette secte de mutants à têtes d’écorchés adorant leur Dieu, qui n’est autre… qu’une bombe à neutrons ! Les scènes où ces braves gens communiquent par télépathie, forçant nos héros à commettre des actes violents, sont du plus haut comique. D'ailleurs, Victor Buono pour arranger le tout, a de faux-airs de Villeret dans « LA SOUPE AUX CHOUX » !

Pas grand-chose à sauver donc, hormis une bonne séquence dans le métro new-yorkais retourné à l’état sauvage (même si les décors de carton-pâte et les matte-paintings ont pris un méchant coup de vieux) et la présence fugace de l’ami Heston venu en voisin, qui après avoir prêté sa voix à Dieu dans « LES 10 COMMANDEMENTS », prendra la décision de faire péter la bombe, bouclant ainsi la boucle.

SECRET PLANETE SINGES

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 17:16

CRUCIFER BLOOD (1)Tiré d’une pièce de théâtre elle-même inspirée d’un roman d’Arthur Conan Doyle, « CRUCIFER OF BLOOD » est un téléfilm au ton très particulier, oscillant entre la série B CRUCIFER BLOODet le pastiche. On retrouve parfois un humour à la Hergé ou E.P. Jacobs et les décors de studio vieillots, ajoutent à l’ambiance « serial » de l'entreprise.

On a connu toutes sortes de Holmes & Watson, ici nousCRUCIFER BLOOD (3) avons le plaisir de rencontrer les plus âgés ! Charlton Heston, visiblement rhumatisant, reprend un rôle qu'il avait créé sur les planches et s’y montre impeccable. Son numéro de vieux Chinois est même tout à fait surprenant. Ce Holmes préretraité ne ressemble en tout cas à aucun autre. Face à lui, Richard Johnson qui fut souvent son partenaire au cinéma, est un excellent Watson. Mais la vraie bonne surprise du film, c'est certainement Simon Callow qui compose l’inspecteur Lestrade le plus réussi qu’on ait vu à l’écran : imbécile borné et incapable, suffisant et constamment à côté de la plaque, il ajoute à toutes ces qualités un rire de bourricot irrésistible. Le film vaut d’être vu rien que pour lui.

CRUCIFER BLOOD (2)

Réalisé sobrement par Fraser Heston (fils de…), sur une photo étonnamment sombre pour un téléfilm, « CRUCIFER OF BLOOD » ne s’inscrira pas dans les annales des meilleurs Sherlock Holmes, mais le charme poussiéreux des flash-backs en Inde, le dialogue volontairement naïf, les coups de théâtre téléphonés une heure à l’avance, renvoient à un cinéma populaire disparu depuis longtemps et dont ce film parvient de temps en temps à retrouver l’esprit. Déjà pas mal…

On peut d'ailleurs regretter qu'il n’y ait jamais eu de suite, parce que l’épilogue en donne très envie. On ne saura hélas jamais, ce que le rat géant tenait dans sa gueule !

 

À NOTER : le film a récemment été édité aux U.S.A. par Warner en v.o. sous-titrée français.

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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 18:05

DARK CITY (2)Connu pour être le premier film « officiel » de Charlton Heston, après deux longs-métrages d’amateur, « LA MAIN QUI VENGE » est souvent classifié comme ‘film noir’, alors qu'il DARK CITYest plutôt apparenté au thriller. En effet, si le style, la photo contrastée, l’ambiance de grande ville plongée dans la nuit évoquent le genre, le scénario ne donne aucune dimension tragique aux personnages qui demeurent des archétypes sans âme.DARK CITY (3)

L’histoire très simple de trois arnaqueurs qui poussent un pauvre type au suicide, et sont ensuite tués un à un par son frère psychopathe ne tient pas vraiment la distance et on sent que d’inutiles digressions (la longue séquence où DARK CITY (1)Heston drague la belle veuve de la victime) ont dû être rajoutées a posteriori pour nourrir un tant soit peu le scénario. De plus, sur un simple plan technique, « LA MAIN QUI VENGE » laisse à désirer avec ses faux-raccords à la pelle et sa direction d’acteurs flottante. Lizabeth Scott par exemple, étrange comédienne au jeu appliqué et instable, n’a jamais semblé aussi gauche. Et les interminables scènes où elle chante dans des boîtes de nuit plombent gravement le rythme.

Âgé de 26 ans, Heston paraît déjà sûr de lui et compose ce personnage pas forcément très sympathique d’ex-soldat aigri et cynique avec sobriété. Viveca Lindfors est très séduisante et éclipse sa covedette féminine malgré un rôle beaucoup plus périphérique et on reconnaît des seconds rôles des fifties comme Ed Begley, Jack Webb et Mike Mazurki (dont on n’entrevoit que la main baguée jusqu'au dénouement).

Un faux ‘film noir’ désuet et plutôt mal fagoté, mais qu’on peut regarder d’un œil indulgent et nostalgique.

 

À NOTER : le film est récemment sorti en zone 1 dans une copie correcte mais extrêmement basique, aux éditions « OliveFilms » qui exploitent le catalogue Paramount.

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 17:01

BAD EACH OTHER (1)Étonnant malentendu que ce film qui fut promu en son temps comme un film noir sulfureux, se vend aujourd'hui en DVD dans un coffret « BAD GIRLS OF FILM NOIR » aux U.S.A. et reforme le couple de stars du polar « LA MAIN QUI VENGE ».

BAD EACH OTHEREn fait « ÉTERNELS ENNEMIS » (encore un titre français qui n’a rien RIEN à voir avec le scénario !) est un édifiant mélo médical comme le sera « POUR QUE VIVENT LES HOMMES » trois ans plus tard. Les tourments d’un fils de mineur de Pennsylvanie qui vend son âme en délaissant la « vraie » médecine pour soigner des rombières aux maux imaginaires, dans une clinique de luxe.BAD EACH OTHER (2)

Il n’y a donc ni ‘bad girl’ ni ‘film noir’, mais un film excessivement désuet et moralisateur, dont tous les personnages sont des caricatures d’archétypes et la moindre péripétie est téléphonée avec une demi-heure d’avance.

On peut éventuellement jeter un coup d’œil à la chose pour voir le jeune Charlton Heston en période pré-Moïse, dont le jeu est encore gauche et théâtral et la voix shakespearienne en contraste avec son allure juvénile. Lizabeth Scott a un rôle tellement convenu et aseptisé, qu'elle n’a même pas l’occasion d’être une « mauvaise fille » et de justifier le titre original « BAD FOR EACH OTHER ».

Un tout petit film au noir & blanc sans relief, à ne surtout plus classer dans un genre auquel il n’appartient définitivement pas.

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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 20:54

Devenu au fil des ans et des rééditions, un indiscutable classique du 7ème Art, « LA SOIF DU MAL » était à l’origine une sorte de concentré de série B, stylisé à l’extrême par Orson Welles, qui a complètement détourné l’intérêt du personnage principal de Vargas, le flic mexicain, pour le recentrer sur lui-même, autrement dit Quinlan, « ripou » obèse et obscène, un pied déjà dans la tombe.

Par la longueur inusité de ses plans-séquence (et pas seulement pendant le célébrissime générique-début), par le noir & blanc glorieux de Russell Metty un des plus grands directeurs photo du monde, son univers frelaté de décors de studio, les contre-plongées systématiques, « LA SOIF DU MAL » évolue dans une logique de cauchemar éveillé, à la fois envoûtant et répulsif.

Ici, tous les comédiens, le visage déformé par les courtes focales, aboient leurs répliques, qui se chevauchent constamment, rendant des échanges incompréhensibles, et les machinations de Quinlan, à la fois alambiquées et tellement simples qu'elles en deviennent absurdes, donnent au scénario une ambiance kafkaïenne.


« LA SOIF DU MAL » est un film frontalier, un film entre deux pays, entre rêve et réalité, légalité et corruption, horreur et burlesque, et la ligne de démarcation est de plus en plus floue à mesure que l’action progresse.

Gargantuesque, d’une laideur fascinante, Welles compose un personnage d’ogre de conte de fées pour adulte, la corruption incarnée. À ses côtés, Charlton Heston rame un peu pour exister, dans un rôle de Mexicain intègre, Janet Leigh se retrouve dans l’exacte situation de « PSYCHOSE », tourné deux ans plus tard : seule dans un motel au milieu de nulle part, tenu par un fou furieux. Le parallèle est vraiment troublant, et fait presque oublier dans quel film on se trouve. Mais le véritable protagoniste est finalement Joseph Calleia, le co-équipier de Quinlan, qui s’éveille in extremis à la conscience.


On peut – sans blasphémer – se montrer plus réticent devant le numéro de cabotinage pénible de Dennis Weaver, la présence flottante de Marlène Dietrich (trop ou pas assez), et le rythme général, qui à force d’étrangeté, laisse parfois percer un certain ennui.

Mais « LA SOIF DU MAL » demeure un monument. Et Russell Metty un pur génie.

 

À NOTER : le film est récemment sorti en zone 1, dans ses trois montages disponibles, dont un quasi director’s cut, effectué à partir des notes de Welles.

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