Que nous apprend « MAFIOSO » ? Que mafieux un jour, mafieux toujours ? Qu'on a beau émigrer à Milan, devenir un honnête père de famille accro au boulot, si on retourne au pays (la Sicile, bien sûr), on redevient celui qu’on n’a jamais cessé d’être ? Un « soldat » docile, un fiston de la « Mamma »…
En déglamourisant complètement l’univers et le folklore du film de mafia, Alberto Lattuada, sur un scénario coécrit par Marco Ferreri, nous montre comment le brave Alberto Sordi parti quelques jours en vacances visiter sa famille et son village natal, se retrouve à payer une dette au parrain local et transporté à New York pour… mais pas de ‘spoiler’ !
Ce n’est pas exactement une comédie, même si on rit souvent. L’immersion dans la vie sicilienne est totale, croquée avec une extraordinaire acuité, la menace étant tellement omniprésente qu'elle n’a même pas besoin de se manifester ouvertement. Entre comédie de mœurs et film policier, « MAFIOSO » ressemble parfois au mauvais rêve d’un quidam qui a cru pouvoir tourner le dos à son passé. Le film est littéralement porté par Sordi, absolument génial de servilité joviale, d’inconscience et de rouerie. Un mélange de naïveté et de stupidité qui font de lui l’outil idéal pour ses ‘padrone’. Il a des instants de pure grandeur comique, quand il se met à chanter en plein repas de famille, par exemple. Autour de lui, le casting mêlant amateurs et professionnels est étonnamment harmonieux.
Loin des gangsters charismatiques de Coppola, des business men de Rosi, des ‘hitmen’ de série B, « MAFIOSO » montre avec une précision clinique une autre facette de « la piovra » et soulève un coin du voile sur les racines du Mal.